Les infirmières n’en peuvent plus du temps supplémentaire obligatoire (TSO). L’ensemble du personnel de la santé et des services sociaux dénonce la surcharge et l’épuisement. Le ministre Barrette n’a jamais été aussi impopulaire. À la suite d’une réforme critiquée de toute part, le réseau de la santé semble au bord du gouffre.

Qu’en est-il des professionnelles et professionnels de l’éducation ? Ici aussi, les conséquences des années de politiques d’austérité se font sentir. La décentralisation des budgets vers les écoles tend à fragiliser l’organisation et les collectifs de travail. Les ajouts de ressources sporadiques n’apportent pas de stabilité. Le manque de services pour les élèves en difficulté fait souvent les manchettes, mais on parle peu de la souffrance vécue par le personnel professionnel.

Quand parle-t-on des conséquences d’une tâche divisée en cinq établissements, de la frustration de ne pas être en mesure d’offrir un suivi suffisant après avoir évalué un élève ou du sentiment de culpabilité qui amène à faire des heures supplémentaires non rémunérées ?

Si pour une minorité (malheureusement grandissante), il en résulte des problèmes de santé psychologique diagnostiqués, une majorité se sent à bout de souffle, toujours au bord de l’épuisement. C’est un problème qui nous concerne tous, un enjeu collectif.

Et il s’agit d’une situation plus lourdement vécue par les femmes. En santé comme en éducation, les femmes sont fortement majoritaires. Il s’agit de milieux de travail associés au caring, cet engagement à prendre soin des autres avec abnégation. Il est documenté qu’un travail qui exige une forte demande psychologique est associé à un niveau de détresse psychologique plus élevé chez les femmes (Institut de la statistique du Québec). D’ailleurs, les femmes se font prescrire presque deux fois plus de médicaments psychotropes que les hommes (Conseil du médicament).

Ce n’est pas la « nature » des femmes qui les rend plus sujettes à l’épuisement. Selon l’Organisation mondiale de la santé, ce sont les multiples rôles que les femmes occupent et la variété des responsabilités qu’elles endossent qui les exposent à davantage de problèmes de santé mentale. (Le journal des psychologues). Les femmes portent davantage la charge mentale liée à la famille. Encore aujourd’hui, les femmes passent plus de temps que les hommes aux tâches non rémunérées, dont les tâches domestiques et les soins portés aux membres de la famille, qu’ils vivent ou non au sein du ménage. À ce sujet, une étude de l’IRIS est très éclairante. Si la conciliation travail-famille est un enjeu important, autant pour les hommes que les femmes, il ne faut pas nier que la double tâche touche plus lourdement les femmes, surtout lorsqu’elles travaillent dans des milieux exigeants comme l’éducation ou la santé.

Les infirmières en sont à demander des ratios. Qu’en est-il des professionnelles de l’éducation? De tels constats doivent nous amener à réfléchir et trouver, ensemble, des pistes de solution pour le milieu de l’éducation.

Marie-Eve Quirion,
Conseillère en Action professionnelle, FPPE (CSQ)

Références / hyperliens :
Institut de la statistique
http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/sante/etat-sante/mentale/stress-travail.pdf
Conseil des médicaments 
https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/CDM/Etudes/CdM-Portrait-antidepresseurs-201101.pdf  
Journal des psychologues
https://www.cairn.info/revue-le-journal-des-psychologues-2017-5-page-3.htm
IRIS
https://cdn.iris-recherche.qc.ca/uploads/publication/file/14-01239-IRIS-Notes-Taches-domestiques_WEB.pdf

La Passerelle – 8 mars 2018

Women, Overload, and Exhaution

Nurses can’t take mandatory overtime (MOT) any more. All health and social services staff denounce overload and exhaustion. Minister Barrette has never been so unpopular. Following a reform that has been criticized from all sides, the health network seems on the brink of collapse.

And what about professionals of the education sector? Here too, the consequences of years of austerity measures are taking its toll. Decentralization of budgets toward schools tends to weaken the organization and work groups. Sporadic resource additions do not provide stability. The lack of services for students with difficulties is often a headline issue, but little is said about the suffering experienced by professional staff.

What about the consequences of a task divided among five institutions, the frustration of not being able to provide sufficient follow-up after assessing a student, or the feeling of guilt that leads to hours of unpaid overtime?

If, for a minority—which is unfortunately growing—these issues result in diagnosed psychological health problems, a majority feels breathless and is always on the verge of exhaustion. It is a problem that concerns us all. It is a collective issue.

Moreover, this is a situation most heavily experienced by women. In both the health and education sectors, women represent a significant majority. These are workplaces where caring—the commitment to take care of others selflessly—is at the centre of all efforts. It is documented that jobs with high psychological demands are associated with a higher level of psychological distress in women (Institut de la statistique du Québec). In addition, women are prescribed almost twice as many psychotropic drugs as men (Conseil du médicament).

It is not women’s “nature” that makes them prone to burnout. According to the World Health Organization, it is the multiple roles women play and the variety of responsibilities they assume that expose them to more mental health problems. (Le journal des psychologues). Women bear more of the mental burden of the family. Even today, women spend more time than men on unpaid tasks, including domestic chores and caring for family members, whether or not they live in the household. In this regard, a study by IRIS is very enlightening. While work-life balance is an important issue for both men and women, it should not be denied that the double task affects women more severely, especially when they work in demanding environments such as those of the education and health sectors.

Nurses are asking for ratios. What about education professionals? Such findings should lead us to reflect and together find solutions for the education community.

 

References/hyperlinks:
Institut de la statistique
http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/sante/etat-sante/mentale/stress-travail.pdf
Conseil des médicaments
https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/CDM/Etudes/CdM-Portrait-antidepresseurs-201101.pdf  
Journal des psychologues
https://www.cairn.info/revue-le-journal-des-psychologues-2017-5-page-3.htm
IRIS
https://cdn.iris-recherche.qc.ca/uploads/publication/file/14-01239-IRIS-Notes-Taches-domestiques_WEB.pdf