Depuis le début de la pandémie, les professionnelles et les professionnels de l’éducation ont dû adapter leur quotidien aux consignes et mesures sanitaires, autant dans leur travail qu’à la maison.

Le télétravail, les fermetures d’écoles, la perte du réseau de soutien pendant le confinement, le soin aux proches, la frontière de plus en plus floue entre le travail et la vie privée ainsi que la diminution des opportunités d’activités à l’extérieur ont rendu difficile la conciliation famille-travail-études de nombreux membres dans les deux dernières années.

Ces situations se sont ajoutées à des inégalités de genre déjà existantes, dont les écarts salariaux ainsi que la répartition inéquitable des responsabilités familiales ou dans le couple. Depuis deux ans, plusieurs rapports et études ont d’ailleurs bien documenté les impacts différenciés de la pandémie pour les Québécoises.

Les récentes données de l’Enquête sur la population active, produite par Statistique Canada, démontrent néanmoins une baisse favorable de l’écart salarial entre les genres. La main-d’œuvre féminine s’est notamment accrue dans des catégories professionnelles et le nombre de femmes y a augmenté davantage que celui des hommes. Selon le Conseil du statut de la femme, les données masquent toutefois des différences substantielles selon les secteurs économiques, de sorte que les femmes n’en sortent pas toutes gagnantes.

En effet, le retrait du marché de l’emploi ou la réduction des heures travaillées sont des réalités qui ont affecté de nombreuses femmes, particulièrement celles ayant de bas salaires. L’OCDE conclut qu’à l’échelle internationale, ce sont globalement les femmes qui ont dû choisir entre continuer à travailler ou s’occuper de leurs enfants à la maison. Ces reculs flagrants ont d’ailleurs été vécus durement par les Américaines et les Européennes.

Le rôle joué par le modèle québécois des services de garde éducatifs

Toujours selon l’OCDE, les nations qui se sont dotées de systèmes bien conçus de congé familial et de dispositifs flexibles de maintien en emploi sont davantage parvenues à éviter un recul marqué de l’activité des femmes. Avec ses services de garde éducatifs à l’enfance abordables et de qualité ainsi que son Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) favorisant des congés pour les deux parents, le modèle québécois a pu constituer un rempart contre les inégalités de genre accentuées par la pandémie.

Certes, les défis et les mutations du monde du travail continueront d’interpeller les femmes. Il est cependant plausible de conclure que le modèle québécois, qui demeure à ajuster et à défendre, a encouragé la participation des mères au marché du travail, l’autonomie économique des femmes et a créé les conditions pour prémunir les Québécoises d’impacts accrus issus de la pandémie de COVID-19.

Johanne Lachance,
Conseillère à l’Action professionnelle

The Quebec Model: :
A Bulwark Against Inequality During the Pandemic?

Since the beginning of the pandemic, education professionals have had to adapt their daily lives according to the health guidelines and measures, both at work and at home.

Telework, school closures, loss of support during lockdowns, care for loved ones, the increasingly blurred line between work and personal life, and reduced opportunities for outdoor activities have made it difficult for many members to balance family, work, and school in the past two years.

These situations compounded existing gender inequalities, including wage gaps [in French only] and the inequitable distribution [in French only] of household responsibilities. Over the past two years, several reports and studies [in French only] have documented the differentiated impacts of the pandemic on Quebec women.

Recent data from the Labour Force Survey, produced by Statistics Canada, nevertheless show a positive decline in the gender wage gap. In particular, the female labour force has increased in occupational categories, and the number of women has increased more than that of men. According to the Conseil du statut de la femme, however, the data masks substantial differences across economic sectors, so that not all women win.

Indeed, withdrawal from the labour market or the reduction of hours worked has affected many women, particularly those with low wages.

The OECD concluded that globally, it is mostly women who have had to choose between continuing to work and caring for their children at home. American and European women have also been particularly hard hit by these blatant setbacks.

The role played by the Quebec model of educational childcare services

According to the OECD, nations with well-designed family leave systems and flexible job retention schemes have been more successful in avoiding a sharp decline in women’s labour force participation. With its affordable and high-quality early childhood education services and its Quebec Parental Insurance Plan (QPIP), which provides leave for both parents, the Quebec model has been a bulwark against gender inequalities that were exacerbated by the pandemic.

The challenges and changes in the labour environment [in French only] will, of course, continue to engage women. However, it is plausible to conclude that the Quebec model, which remains to be adjusted and defended [in French only], has encouraged the participation of mothers in the labour market as well as the economic autonomy of women, and has created the conditions to protect Quebec women from the increased impacts of the COVID-19 pandemic.

Johanne Lachance,
Action Professionnelle Consultant