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L’Éditorial

« Féministes de toutes nos forces », cette phrase demeurera d’actualité pour plusieurs années encore. Des grands pas ont été faits, mais plusieurs restent à faire.

Les conditions de travail dans les emplois des services publics au Québec ainsi que le processus d’équité salariale sont malheureusement des exemples évidents de batailles qui restent à livrer.

Commençons par la composition des travailleuses et travailleurs dans la fonction publique. On y observe une importante concentration de femme à la hauteur de 72 % (81 % en santé et services sociaux, 69 % en éducation et 59 % dans la fonction publique). Nulle part ailleurs, dans d’autres secteurs d’activité, peut-on observer une telle concentration.  À la FPPE, les chiffres sont encore plus élevés, nous sommes 83 % de femmes.

Sans grande surprise, Statistique Canada précise que l’écart au niveau de la rémunération annuelle moyenne entre l’administration québécoise et les entreprises publiques au Québec (milieu universitaire, les sociétés d’État et l’administration fédérale et municipale) est de 23,2 % à la faveur de ces dernières. Toujours au Québec, les femmes gagnent 23,58 $ de l’heure en moyenne contre 26,25 $ pour les hommes. De plus, le salarial hebdomadaire est inférieur de 20 % avec les hommes en raison des heures travaillées (3,9 heures de plus par les hommes).

Lorsqu’ensuite on examine les conditions de travail, il n’est pas hasardeux d’avancer que les conditions de travail dans le secteur public québécois n’ont pas cessé de se détériorer depuis plusieurs années (et vous en savez quelque chose, plus que quiconque…), les années d’austérité et les valeurs néolibérales en sont les grandes responsables.

On a tenté d’appliquer la méthode Toyota (« Lean »), cette façon de faire fréquemment appliquée aux secteurs industriels. Cela s’est avéré un échec. Sur papier, on vise à rendre l’organisation construite autour du client et du rendement. Le but est d’accroître la performance en éliminant les tâches superflues et en standardisant le travail.

Cette rhétorique cependant fait abstraction de l’élément essentiel de nos fonctions : l’humain. Comment y arriver avec des problématiques qui carburent à l’émotif comme les soins de santé et l’éducation ? Assurément pas avec des stratégies qui visent uniquement la performance ? C’est hautement incompatible. Qui s’étonne d’observer des comportements minés par l’anxiété? Cette façon d’entrevoir le travail et d’exercer le pouvoir est venue miner les conditions de travail de milliers de femmes. Elles se plaignent avec raison de la lourdeur d’un travail que l’on déshumanise et qui offre peu de reconnaissance.

Quant à l’équité salariale, comment ne pas être découragé à l’idée de penser que l’exercice de maintien de 2010 et de 2015 demeure toujours en suspens. Nous sommes exaspérés d’attendre. Les professionnelles méritent davantage de reconnaissance. Malgré nos interventions répétées, l’on fait rire de nous par le gouvernement qui parle des deux côtés de la bouche. Il est grand temps que cesse cette comédie dramatique.

Plus que jamais, soyons FÉMINISTES DE TOUTES NOS FORCES !

Jacques Landry,
Président FPPE (CSQ)

La Passerelle – Mars 2020

Editorial

“Feminist with all our might” is a motto that will remain relevant for many years to come. Great strides have been made, but many more are to come.

Working conditions in public service jobs in Quebec and pay equity processes are, unfortunately, clear examples of battles that have yet to be fought.

Concerning the composition of the public service workforce, it can be observed that, with 72%, women make up a significant proportion of it (81% in health and social services, 69% in education, and 59% in other public services). Nowhere else, in any other sector of activity, is such a high percentage observed. Within the FPPE, the percentage is even higher, with 83%.

Not surprisingly, according to Statistics Canada, there is a gap of 23.2% between the average annual remuneration of employees of the Government of Quebec and that of employees working for government enterprises (academia, public corporations, as well as federal and municipal governments) in Quebec. In Quebec again, women earn $23.58 an hour on average compared to $26.25 for men. In addition, women’s weekly wages are 20% lower than that of men due to the number of hours worked (men work an additional 3.9 hours).

It is also safe to argue that working conditions in the Quebec public sector have been deteriorating for several years now, which you are aware of more than anyone else; years of austerity and neo-liberal values have taken their toll.

An attempt was made to apply Toyota’s “Lean” method, which is commonly used in industrial sectors, but that turned out to be a failure. On paper, the goal is to make the organization customer-centric and performance-oriented. The aim is to increase performance by eliminating unnecessary tasks and standardizing work.

This approach, however, ignores what is at the core of our function: humans. It is unimaginable to think that emotionally-charged issues, such as health care and education, can be addressed with strategies that focus solely on performance. The two are just incompatible. No wonder why anxiety is running rampant. This way of considering work and wielding power has undermined the working conditions of thousands of women, who are rightfully complaining about the burdensome nature of an approach that dehumanizes work and offers little recognition.

As for pay equity, how can we not be discouraged at the thought that the 2010 and 2015 pay audits have not been resolved yet? We can wait no longer. Professionals deserve more recognition. Despite our repeated interventions, the government is not taking us seriously and is speaking out of both sides of its mouth. It is high time that this show be brought to an end.

More than ever, let us be FEMINIST WITH ALL OUR MIGHT!

 

Jacques Landry,
President FPPE(CSQ)

La Passerelle – March 2020