Par Jacques Landry, président de la FPPE
Les résultats récents des élections fédérales ont mené à un gouvernement Carney minoritaire. Si l’avenir dira ce que cela signifie concrètement, cette issue a au moins évité un gouvernement conservateur qui aurait pu imposer des compressions majeures dans les services publics et remettre en question certains droits fondamentaux.
Sur le plan provincial, la pression s’intensifie. À l’approche des élections, le gouvernement multiplie les annonces et les décisions contestées. Plutôt que d’assumer sa gestion économique, il cible les services publics, tout en finançant des projets discutables comme le troisième lien ou l’implantation de Northvolt. L’austérité est bien présente, et les années à venir s’annoncent difficiles.
Des projets de loi préoccupants
L’automne législatif apporte son lot de propositions qui ont un impact direct sur notre travail et nos droits :
- Projet de loi 47 – Vise à renforcer la protection des élèves contre la violence à caractère sexuel, mais risque d’encourager la délation entre collègues. Cela pourrait nuire gravement au climat de confiance essentiel au bon fonctionnement du milieu scolaire. Les directions et les RH doivent assumer leur rôle, sans déléguer aux employés la responsabilité de la surveillance entre pairs.
- Projet de loi 89 – Censé répondre aux besoins de la population en cas de grève ou de lock-out, ce projet constitue une attaque frontale contre le droit de grève. Il contourne l’esprit du jugement de la Cour suprême dans l’affaire Saskatchewan (2015), qui protégeait ce droit dans le secteur public. Nous manifesterons jeudi matin devant le bureau du ministre Boulay pour affirmer notre opposition.
- Projet de loi 94 – Sous couvert de laïcité, ce projet impose des évaluations annuelles aux enseignants et modifie des ententes locales. Malgré quelques clarifications obtenues de manière informelle, de nombreuses zones d’ombre persistent, notamment concernant les droits du personnel de soutien, désormais liés au poste plutôt qu’à la personne.
- Projet de loi 100 – Imposera une coordination nationale des négociations dans les secteurs public et parapublic. Bien que principalement ciblés, les enseignants ne seront pas les seuls touchés : les ententes locales, souvent adaptées aux réalités spécifiques des milieux, seront remises en question, y compris pour le personnel professionnel et de soutien.
Un climat tendu dans les écoles
Pendant ce temps, le gouvernement choisit de légiférer sur les téléphones, les écouteurs ainsi que sur les formules de politesse à adopter, plutôt que de s’attaquer aux enjeux profonds du système éducatif. Ces mesures, plus symboliques que structurantes, détournent l’attention des véritables besoins : réinvestissement, réflexion collective, valorisation du personnel, conditions de travail réalistes.
Plusieurs appellent à des états généraux de l’éducation. Il est temps de recentrer le débat sur ce qui compte vraiment : le respect de l’autonomie professionnelle, la reconnaissance des expertises locales et la défense d’un système éducatif juste, accessible et cohérent.
Restons vigilants, solidaires et engagés. L’avenir de notre réseau dépend de nous
Education and working conditions: between vigilance and mobilization
By Jacques Landry, President of the FPPE
The recent federal election resulted in a minority Carney government. While the future will tell what this means in concrete terms, we have at least avoided a Conservative government that could have made major cuts to public services and undermined certain fundamental rights.
At the provincial level, pressure is mounting. With an election looming, the government is making increasingly controversial announcements and decisions. Instead of reining in on its economic management, it is targeting public services while funding questionable projects such as the third link and Northvolt. Austerity is here to stay, and the years to come will be difficult.
Worrying bills
The fall legislative agenda brings its share of proposals that have a direct impact on our work and rights:
- Bill 47 – Aims to strengthen protection of students from sexual violence but may encourage the denunciation of colleagues. This could seriously undermine the climate of trust that is essential to a well-functioning school environment. Management and HR must assume their role, without delegating to employees the responsibility to monitor their peers.
- Bill 89 – Intended to meet the needs of the public in the event of a strike or lockout, this bill is a direct attack on the right to strike. It circumvents the spirit of the Supreme Court’s decision in Saskatchewan (2015), which protected this right in the public sector. We will be demonstrating in front of Minister Boulay’s office on Thursday morning to assert our opposition.
- Bill 94 – Under the guise of secularism, this bill imposes annual evaluations on teachers and modifies local agreements. Despite some informal clarifications, many grey areas remain, particularly on the rights of support staff, which are now tied to the position rather than to the person.
- Bill 100 – Will impose national coordination of negotiations in the public and parapublic sectors. Although teachers are primarily targeted, they will not be the only ones affected; local agreements—which are often adapted to the specific realities of the environment—will be called into question, including those covering professional and support staff.
A tense climate in schools
Meanwhile, the government is choosing to legislate on phones, headphones and polite language, rather than to address the deeper issues of the education system. These measures, which are more symbolic than structural, divert attention from the real needs: reinvestment, collective reflection, staff recognition and realistic working conditions.
Many are calling for a general assembly on education. It is time to refocus the debate on what really matters: respect for professional autonomy, recognition of local expertise and defence of a fair, accessible and coherent education system.
Let us remain vigilant, united and committed. The future of our network depends on us.