Par Maude Lyonnais-Bourque, conseillère syndicale à la FPPE (CSQ)
Déposé par le ministre Drainville en mars dernier, le nouveau projet de loi 94 vise en théorie, comme son nom l’indique, à renforcer la laïcité dans le réseau scolaire. Il s’agit d’une réponse directe aux lacunes observées à l’école Bedford, et dans une moindre mesure dans 17 autres écoles du réseau public.
Une autre action législative donc, qui vient modifier substantiellement la Loi sur l’instruction publique et la Loi sur l’enseignement privé et qui encadre considérablement les conditions de travail et de pratique du personnel scolaire.
Nous partageons l’objectif de rendre nos institutions publiques laïques. Toutefois nous estimons que les centres de services scolaires et commissions scolaires et surtout les directions d’écoles, disposent déjà de tous les outils pour mettre en œuvre cet objectif et intervenir au besoin.
Nous comprenons mal qu’il soit nécessaire d’imposer autant de mesures qui restreignent les droits des personnes qui travaillent dans le réseau scolaire plutôt que d’accompagner les personnes concernées. Parmi les éléments proposés qui concernent le personnel, on retrouve :
Évaluation annuelle du personnel enseignant
C’est par le biais de ce projet de loi que le ministre incorpore pour la première fois dans la Loi sur l’instruction publique l’exigence que les personnes enseignantes soient soumises à une évaluation annuelle par la personne directrice d’établissement, en plus de devoir remettre des planifications annuelles en début d’année. Le projet de loi instaure aussi un nouveau comité sur la qualité des services éducatifs qui doit assister les gestionnaires dans leurs responsabilités pour s’assurer de la qualité des services éducatifs offerts. Ces mesures risquent certainement d’avoir un impact sur le travail des personnes conseillères pédagogiques notamment.
Interdiction du port de signes religieux pour tout le personnel et les bénévoles (incluant les professionnel•les)
Si ce projet de Loi est adopté tel quel, il sera interdit pour le personnel professionnel de porter un signe religieux au travail. Cette interdiction existait seulement pour le personnel enseignant actuellement. Les personnes déjà en emploi bénéficient toutefois d’un droit acquis, et cette mesure s’appliquera aux nouvelles personnes embauchées. Nous nous questionnons sur l’opportunité de cette mesure dans le contexte de pénurie de personnel que nous connaissons actuellement.
Obligation pour le personnel de parler français entre eux et avec les élèves (CSS francophones uniquement)
Une nouvelle obligation est également contenue dans ce projet de loi concernant la langue parlée, soit d’uniquement parler en français avec les élèves et entre collègues. Il existe une exception si la santé est en cause. Toutefois nous estimons que cette exception n’est pas assez large et devrait comprendre toute intervention nécessaire pour l’élève.
Interdiction de plusieurs accommodements dont les congés religieux pour le personnel
Il sera dorénavant interdit d’accorder plus de congés religieux que ceux normalement prévus pour l’ensemble du personnel. Cette disposition entre en contraction avec certaines ententes locales applicables au personnel professionnel qui prévoient un certain nombre de congés religieux négociés entre les parties.
La Centrale des syndicats du Québec produira un mémoire reprenant les préoccupations des fédérations concernées, et sera entendue en commission parlementaire d’ici quelques jours. Nous vous informerons de la suite du processus législatif.
New Bill 94 to strengthen secularism in the school system
The government’s latest attack on education workers’ rights
By Maude Lyonnais-Bourque, Union Adviser, FPPE (CSQ)
Submitted by Minister of Education Bernard Drainville last March, the new Bill 94 is theoretically intended to strengthen secularism in the school system. This is a direct response to the shortcomings observed at Bedford School, and to a lesser extent in 17 other schools in the public system.
It is yet another legislative action that substantially modifies the Education Act and the Act respecting private education, significantly regulating the working conditions and practices of school staff.
While we share the goal of making our public institutions secular, we believe that school service centres, school boards, and especially school administrations already have all the tools to implement this goal and intervene as needed.
We fail to understand the need to impose so many measures that restrict the rights of people who work in the school network, instead of supporting them. Here are just a few of the proposed staff-related measures:
Annual assessment of teaching staff
Through this bill, the minister includes for the first time into the Education Act the requirement that teachers undergo an annual assessment by the school principal, in addition to having to submit annual plans at the beginning of the year. The bill also establishes a new committee on the quality of the educational services, which is to assist managers in their responsibilities to ensure the quality of the educational services provided. These measures are likely to have an impact on the work of pedagogical advisers, in particular.
Ban on wearing religious symbols for all staff and volunteers (including professionals)
If the bill is passed in its current form, professional staff will be forbidden from wearing any religious symbols at work. This previously applied only to teaching staff. However, individuals already employed will retain their acquired rights, and this measure will apply to new hires. We have concerns about the appropriateness of this measure in the current staff shortage context.
Requirement for staff to speak French among themselves and with students (Francophone SSC only)
A new requirement mandating that staff only speak French with students and among colleagues is also included in this bill. There is an exception when health is at stake, however, we believe this exception is not broad enough and should include any necessary intervention for the students.
Ban on several accommodations, including religious leave for staff
It will now be prohibited to grant more religious leave than is normally provided for all staff. This provision is inconsistent with certain local agreements applicable to professional staff that stipulate a specific number of religious holidays negotiated between the parties.
The Centrale des syndicats du Québec will produce a brief addressing the concerns of the relevant federations and will be heard in parliamentary committee in the coming days. We will keep you informed about the evolution of the legislative process.