Par Marie-Eve Quirion, conseillère à l’action professionnelle, FPPE (CSQ)
En février 2025, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a publié les résultats très attendus d’une étude sur l’état de la santé mentale et l’exposition aux risques psychosociaux du travail du personnel du réseau scolaire public du Québec qui a débuté en 2022.
Avec la participation de plus de 21 800 enseignant·es, professionnel·les, personnel de soutien et de direction, cette enquête d’envergure démontre que la situation est alarmante : plus de la moitié du personnel scolaire vit une détresse psychologique élevée ou très élevée, et ce, dans toutes les catégories d’emploi.
Cliquer ICI pour consulter l’étude
« Il faut s’attaquer à la charge de travail. »
— Mariève Pelletier, auteure principale de l’étude
À l’occasion du Conseil fédéral d’avril 2025, Mariève Pelletier, auteure principale de l’étude de l’INSPQ et professeure adjointe à l’École de counseling et d’orientation de l’Université Laval, a présenté les faits saillants de l’étude aux représentant·es des 19 syndicats de la FPPE (CSQ).
Le personnel professionnel est exposé à plusieurs risques psychosociaux :
- 72,99 % ont une charge de travail trop lourde
- 47,21 % ressentent une faible reconnaissance au travail
- 32,46 % ont de la difficulté à concilier travail-vie personnel
- 31,96 % ont un faible sens au travail
- 29,15 % ont un faible soutien du ou de la supérieur·e
- 24,62 % manquent de latitude décisionnelle
À ces données s’ajoute l’ampleur des situations de violence et de harcèlement vécus en milieu de travail.
Partager les constats et agir en prévention
Face à ce portrait, les membres du Conseil fédéral ont partagé des exemples de situations vécues dans leur milieu : le sentiment d’isolement, le nombre infini d’élèves à soutenir, le soutien à donner aux collègues qui viennent nous voir en raison de notre expertise en santé mentale, la banalisation des incidents ou la normalisation de la violence, etc. Des sondages locaux de syndicats ont aussi confirmé les données de l’enquête de l’INSPQ quant aux intentions des professionnel·les à quitter leur emploi.
La FPPE (CSQ) est en action pour améliorer la situation. Les résultats de l’étude de l’INSPQ sont un levier supplémentaire, mais toutes les tribunes doivent être utilisées pour attirer, retenir et surtout, pour mieux prendre soin du personnel professionnel en milieu scolaire.
Le 7 et 8 avril 2025, le colloque sur la santé mentale des personnels scolaires s’est déroulé à l’Université Laval. La force de l’événement était de réunir des chercheur·es universitaires et des partenaires du réseau scolaire pour penser collectivement à des solutions porteuses de sens.
Les présentations ont mis à l’honneur les divers acteur·trices du réseau scolaire, ce qui a permis à la fois de faire rayonner la diversité des réalités du personnel scolaire et de trouver les éléments qui nous unissent.
- Mariève Pelletier (Université Laval) a présenté « les enjeux organisationnels contribuant à l’invisibilité de la violence envers les éducatrices en service de garde scolaire », accompagnée de Marc Gagnon (CSQ) à titre de partenaire.
- Caterina Mamprin (Université de Montréal) s’est intéressée au bien-être au travail en analysant « l’expérience des personnes enseignantes issues de deux provinces canadiennes » (le Québec et le Nouveau-Brunswick). La présence du partenaire a permis de découvrir que l’Association des enseignantes et des enseignants francophones du Nouveau-Brunswick offre des services de mieux-être et de counseling pour les enseignantes et enseignants (MECEE), une initiative inspirante.
- Carol-Anne Gauthier (CÉGEP Champlain St. Lawrence) a fait une présentation intitulée « Reconnaître le rôle essentiel du personnel professionnel en éducation pour favoriser le bien-être de toutes et de tous ». Sophie Massé, vice-présidente de la FPPE (CSQ) était la partenaire qui initiait la discussion (voir Une enquête spécifique pour les professionnel·les).
- Jessica Riel (UQAM) a travaillé sur le concept de collectif de travail et sur les « leviers de santé et obstacles organisationnels » à la formation professionnelle pour le personnel enseignant. Elle était accompagnée de Robin Castonguay, enseignant à la formation professionnelle.
- Mariève Pelletier (Université Laval) a présenté les faits saillants de l’enquête de l’INSPQ (voir l’article précédent).
- Emmanuel Poirel (Université de Montréal) s’est penché sur les « exigences du travail et le stress professionnel » des directions d’établissement. Patricia Eustache, directrice d’établissement, a lancé la discussion suivant la conférence.
- Simon Viviers (Université Laval) et Imane Zineb Lahrizi (Université Laval) ont présenté deux initiatives similaires dans lesquelles des syndicats représentant le personnel enseignant sont impliqués. L’équipe de Simon Viviers travaille sur une démarche collaborative sur l’organisation et la santé au travail appelée « DÉCOLLONS » et était accompagné de représentant·es de la Fédération autonome de l’enseignement. Pour sa part, Imane Zineb Lahrizia a présenté une boîte à outils qui vise à prévenir les problèmes de santé mentale au travail dans les milieux scolaires. Des représentant·es du Syndicat Champlain et du Centre de services scolaires de la Vallée-des-Tisserands sont partenaires de cette démarche en cours d’élaboration.
Que faire, Monsieur le ministre ?
L’enjeu de la santé mentale des personnels scolaires a atteint un niveau si alarmant, au point d’ être considéré un véritable problème de santé publique.
Il faut souligner que le ministre du Travail, Monsieur Jean Boulet, a fait une allocution au colloque. Il a peu élaboré sur les solutions à apporter pour améliorer la santé mentale du personnel scolaire, mais s’est dit très sensible à la situation. Par ailleurs, il a été accueilli par des manifestant·es de divers horizons syndicaux venus démontrer leur opposition au Projet de loi 89.
Enfin, la nécessité de s’unir, d’agir au niveau politique et de sortir de l’approche individualisante de la gestion des problèmes de santé mentale sont les éléments clés de la conclusion du colloque.
Il faut donner aux milieux scolaires les moyens d’agir : mettre en place des mesures structurantes de prévention pour enfin offrir des conditions de travail adéquates et un environnement de travail sécuritaire, sain et bienveillant.
La FPPE (CSQ) est le partenaire principal d’une enquête en cours qui vise à « Comprendre les conditions d’exercice du personnel professionnel du réseau de l’éducation afin de mieux le valoriser, l’attirer et le fidéliser ».
Divers thèmes sont abordés :
- La motivation à l’égard de la profession
- Le parcours professionnel, le rôle professionnel et le vécu au travail
- La pénurie, l’attraction et la rétention du personnel professionnel
- La valorisation et la reconnaissance de la profession
Carol-Anne Gauthier (CÉGEP Champlain St. Lawrence) chapeaute cette étude à laquelle Simon Viviers (Université Laval), Catherine le Capitaine (Université Laval), François Bolduc (Université Laval), Geneviève Baril-Gingras (Université Laval) et Florence Côté, (professionnelle de recherche) sont associé·es. En plus de la FPPE (CSQ), des associations de cadres (FQDE et AQPDE) et le CTREQ sont partenaires de cette étude financée par le ministère de l’Éducation.
L’état d’avancement des travaux a été présenté au Colloque sur la santé mentale des personnels scolaires, et l’équipe est présentement en recrutement pour le volet qualitatif. Un plus grand nombre de professionnel·les seront aussi sollicité·es lors des prochaines étapes de l’enquête.
La FPPE (CSQ) vous invite avec un sincère enthousiasme à participer à cette enquête. Il s’agit d’un outil précieux pour faire connaître et reconnaître la spécificité du travail des professionnel·les et pour trouver des solutions concrètes aux problèmes vécus dans les milieux.
Pour participer et en savoir plus : cliquer ICI.
Mental Health of Professional Staff: Joining Forces for Change
by Marie-Eve Quirion, conseillère à l’action professionnelle, FPPE (CSQ)
In February 2025, the Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) released the long-awaited results of a study on mental health and exposure to psychosocial risks among Québec public school system staff, which began in 2022.
More than 21,800 teachers, professionals, support staff, and administrators took part in this extensive survey, which revealed that the situation is alarming; more than half of the school staff across all job categories experiences high or very high psychological distress.
Click HERE to view the study (in French).
“Workload must be addressed.” – Mariève Pelletier, lead author of the study
During the Federal Council meeting in April 2025, Mariève Pelletier, the lead author of the INSPQ study and an assistant professor at the École de counseling et d’orientation de l’Université Laval, presented the key findings of the study to representatives of the 19 FPPE unions (CSQ).
Professional staff is exposed to several psychosocial risks:
- 99% have an excessive workload
- 21% feel a lack of recognition at work
- 46% struggle to balance work and personal life
- 96% lack a sense of purpose at work
- 15% receive insufficient support from their supervisor
- 62% lack flexibility in making decisions
These figures are compounded by the prevalence of violence and harassment experienced in the workplace.
Sharing findings and taking preventive action
In light of this situation, the members of the Federal Council shared examples of situations in their community: feelings of isolation, countless students to support, colleagues requiring expertise in mental health, and the trivialization of incidents or normalization of violence, among other things. Local union surveys have also yielded findings similar to those of the INSPQ survey regarding the intentions of professionals to leave their jobs.
The FPPE (CSQ) is taking action to improve the situation. The results of the INSPQ study provide an additional lever, but all options must be used to attract, retain and, above all, take greater care of the professional staff in school settings.
On April 7 and 8, 2025, a major symposium on the mental health of school staff was held at Université Laval. The event succeeded in bringing together academic researchers and partners from the school network to collectively think about meaningful solutions.
The presentations highlighted the various stakeholders in the school system, which allowed for both showcasing the diversity of the realities faced by school staff and identifying unifying elements.
- Mariève Pelletier (Université Laval) presented “Les enjeux organisationnels contribuant à l’invisibilité de la violence envers les éducatrices en service de garde scolaire”, accompanied by Marc Gagnon (CSQ) as a partner.
- Caterina Mamprin (Université de Montréal) focused on workplace well-being by analyzing the experiences of teachers in Québec and New Brunswick. The presence of the partner has revealed that the Association des enseignantes et des enseignants francophones du Nouveau-Brunswick offers wellness and counselling services for teachers (MECEE), an inspiring initiative.
- Carol-Anne Gauthier (CÉGEP Champlain – St. Lawrence) delivered a presentation on recognizing the essential role of professional education staff in fostering the well-being of all. Sophie Massé, vice-president of the FPPE (CSQ), was the partner who initiated the discussion (see A Specific Survey for Professionals).
- Jessica Riel (UQAM) explored the concept of a work community and the health levers and organizational barriers to professional training for teachers. She was joined by Robin Castonguay, a vocational training teacher.
- Mariève Pelletier (Université Laval) presented the key findings from the INSPQ survey (see previous article).
- Emmanuel Poirel (Université de Montréal) examined the work-related demands and stress faced by school administrators. Patricia Eustache, a school principal, initiated the discussion that followed the conference.
- Simon Viviers (Université Laval) and Imane Zineb Lahrizi (Université Laval) presented two similar initiatives in which unions representing teachers are involved. Simon Viviers’ team is working on a collaborative approach to organization and workplace health called “DÉCOLLONS,” and was accompanied by representatives from the Fédération autonome de l’enseignement. Imane Zineb Lahrizia introduced a toolbox to prevent mental health issues in school environments. Representatives from the Syndicat Champlain and the Centre de services scolaires de la Vallée-des-Tisserands are partners in this ongoing initiative.
Involvement and position of the minister
Mental health issues among school staff have reached such an alarming level that it can now be regarded as a public health problem.
Minister of Labour Jean Boulet delivered a speech at the conference in which he elaborated very little on the solutions needed to improve the mental health of school staff, but expressed strong concerns about the situation. He was met by demonstrators from various unions who came to express their opposition to Bill 89.
Ultimately, the need to unite, take political action, and move beyond the individualistic approach to mental health issues management are the key elements of the conference’s conclusion.
We need to give schools the resources needed to act: implement structuring prevention measures to ultimately provide adequate work conditions and a safe, healthy and caring work environment.
La FPPE (CSQ) est le partenaire principal d’une enquête en cours qui vise à « Comprendre les conditions d’exercice du personnel professionnel du réseau de l’éducation afin de mieux le valoriser, l’attirer et le fidéliser ».
Divers thèmes sont abordés :
- La motivation à l’égard de la profession
- Le parcours professionnel, le rôle professionnel et le vécu au travail
- La pénurie, l’attraction et la rétention du personnel professionnel
- La valorisation et la reconnaissance de la profession
Carol-Anne Gauthier (CÉGEP Champlain St. Lawrence) chapeaute cette étude à laquelle Simon Viviers (Université Laval), Catherine le Capitaine (Université Laval), François Bolduc (Université Laval), Geneviève Baril-Gingras (Université Laval) et Florence Côté, (professionnelle de recherche) sont associé·es. En plus de la FPPE (CSQ), des associations de cadres (FQDE et AQPDE) et le CTREQ sont partenaires de cette étude financée par le ministère de l’Éducation.
L’état d’avancement des travaux a été présenté au Colloque sur la santé mentale des personnels scolaires, et l’équipe est présentement en recrutement pour le volet qualitatif. Un plus grand nombre de professionnel·les seront aussi sollicité·es lors des prochaines étapes de l’enquête.
La FPPE (CSQ) vous invite avec un sincère enthousiasme à participer à cette enquête. Il s’agit d’un outil précieux pour faire connaître et reconnaître la spécificité du travail des professionnel·les et pour trouver des solutions concrètes aux problèmes vécus dans les milieux.
Pour participer et en savoir plus : cliquer ICI.