Sherbrooke, le 9 avril 2021. – « Plus de 51 % des professionnelles et professionnels de l’éducation œuvrant dans les écoles de la région de l’Estrie occupent un emploi à statut précaire. Ce taux de précarité, parmi les plus élevés au Québec, fait en sorte que plusieurs songent à quitter leur emploi. »
Tel est l’un des faits saillants de l’enquête menée par la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ) et le Syndicat des professionnelles et professionnels de l’éducation de l’Estrie (SPPEE-CSQ) auprès de leurs membres.
Le président de la FPPE-CSQ, Jacques Landry, et le président du SPPEE-CSQ, Martin Côté, ont dévoilé ce matin, en conférence de presse, un portrait qui n’est guère encourageant de l’état des conditions de travail et de pratique des professionnelles et professionnels de l’éducation dans les centres de services scolaires des Hauts-Cantons, des Sommets et de la Région-de-Sherbrooke, ainsi qu’à la Commission scolaire Eastern Townships.
L’enquête démontre également que 36 % des répondantes et répondants affirment songer à quitter leur emploi pour une autre raison que le départ à la retraite. Quant aux raisons invoquées par celles et ceux qui souhaitent quitter leur emploi, 71 % mentionnent la lourdeur de la tâche, alors que 42 % blâment plutôt le manque de reconnaissance. De plus, 48 % de celles et ceux qui songent à quitter leur emploi aimeraient occuper un emploi similaire au privé.
Des élèves sans accès aux services
Les professionnelles et les professionnels interrogés déplorent, pour 59 % d’entre eux, qu’il n’y ait pas suffisamment de ressources dans leur corps d’emploi, alors que 53 % affirment que le manque de ressources professionnelles est généralisé. Dans ce contexte, 78 % des personnes qui ont répondu au sondage affirment que seuls les élèves ayant un problème jugé urgent ont accès aux services. Plus précisément, 50 % disent que seuls les élèves qui dérangent en classe ou qui sortent du cadre reçoivent de l’aide.
Autres réponses contenues dans le sondage qui interpellent : 70 % soutiennent qu’ils n’ont pas le temps nécessaire pour faire le nombre de suivis requis et qu’il leur est impossible de faire des interventions préventives. Pour 76 % des répondantes et répondants, la cause de ce manque de ressources est due au non-remplacement des personnes absentes, notamment causé, selon 62 % des personnes interrogées, par l’incapacité à combler les postes et la difficulté à retenir les ressources professionnelles.
Plus de besoins que de ressources
Le président du SPPEE-CSQ, Martin Côté, soutient que toutes les professionnelles et tous les professionnels sont débordés, peu importe leur corps d’emploi.
« Il y a plus de besoins dans nos écoles que ce que nous sommes capables de prendre en charge avec les ressources disponibles. La nécessité d’aider les cas les plus urgents en mettant de côté certains élèves qui ne sont pas priorisés à temps a de graves conséquences. Cela fait en sorte que leurs difficultés s’aggravent et que cela compromet leur parcours scolaire. C’est extrêmement désolant », conclut Martin Côté.
Une situation semblable partout au Québec
Pour sa part, le président de la FPPE-CSQ soutient que la situation difficile vécue dans la région de l’Estrie est semblable à celle vécue par le personnel professionnel partout à travers le Québec. « Notre sondage, qui a reçu plus de 3 000 réponses, indique qu’un pourcentage élevé de nos membres songe à quitter son emploi, pourcentage qui varie entre 23,5 % et 51,2 %, selon les corps d’emploi. Les raisons invoquées, par ordre d’importance, sont la lourdeur du travail (63 %), le manque de reconnaissance (49 %) et le salaire (41 %). C’est dire à quel point la situation est sérieuse », de commenter Jacques Landry.
À noter que, parmi ceux qui envisagent de quitter leur emploi, la moitié d’entre eux souhaiteraient aller occuper un emploi semblable au privé où ils bénéficieraient de meilleurs salaires et conditions de travail.
Des faits saillants qui interpellent
Parmi les autres faits saillants ressortant du sondage mené auprès de l’ensemble des membres de la FPPE-CSQ au Québec, notons les suivants :
• 78 % des répondants affirment que seuls les élèves ayant un problème jugé urgent ont accès à un service ;
• 73 % ont identifié une impossibilité de faire le nombre de suivis qu’ils considèrent requis ;
• 66 % mentionnent l’impossibilité de faire des interventions préventives ;
• 56 % ont identifié le manque de ressources dans leur corps d’emploi comme première raison de la surcharge de travail.
Une négociation importante
En terminant, Jacques Landry presse le gouvernement du Québec de profiter de la négociation en cours pour discuter sérieusement avec les porte-parole de la FPPE-CSQ afin d’identifier des mesures concrètes, notamment pour régler les problèmes urgents de manque de ressources professionnelles. « Actuellement, les discussions, aux tables de négociation, piétinent. Le gouvernement ne propose rien de concret pour améliorer la situation actuelle, qui ne cesse de se détériorer », conclut le président de la FPPE-CSQ.
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Profil de la FPPE-CSQ
La Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ) représente 19 syndicats regroupant 10 000 membres répartis dans la quasi-totalité des commissions scolaires du Québec, francophones, anglophones, Crie et Kativik. Elle compte parmi ses membres différentes catégories de personnel dans les secteurs administratif, pédagogique et dans les services directs aux élèves (entre autres, psychologues, psychoéducatrices et psychoéducateurs, orthophonistes, conseillères et conseillers d’orientation, orthopédagogues, etc.).
Renseignements
Claude Girard
Conseiller en communication
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