Montréal, le 25 mai 2018. – Alors que la stratégie numérique en éducation se fait encore attendre, les écoles sont pressées par Québec de choisir et commander du matériel informatique souvent méconnu du personnel professionnel, technique et enseignant, et ce, sans budget de formation défini.

Robots, imprimantes 3D, traceurs de découpe, microcontrôleurs. Les consignes du ministère sont claires : les écoles doivent faire connaître leurs intentions d’achats parmi une liste d’équipements prédéfinie (sous peine de se voir refuser le financement) avant le 1er juin.

La FPPE-CSQ se réjouit de l’engouement de Québec quant à la formation des élèves aux nouvelles réalités technologiques. Seulement, les équipements proposés sont totalement nouveaux dans la plupart des écoles.

Les conseillers pédagogiques Réseau Éducation, Collaboration, Innovation, Technologie (CP RÉCIT) sont les personnes qui devront aider les équipes-écoles à déterminer leurs besoins en matériel et former les enseignants à l’utiliser en adéquation avec le programme du ministère. Ils ont besoin de temps pour s’approprier ces équipements convenablement.

« Il ne suffira pas de lire le manuel d’instructions pour que magiquement, ces nouveaux jouets soient utiles dans la classe. Le personnel enseignant aura grand besoin de formation. Rien n’indique pour l’instant qu’il y en aura, ni de quelle nature elle sera. Le risque, c’est de voir du matériel coûteux mal utilisé, voire carrément s’oxyder sur une tablette », prévient Johanne Pomerleau, présidente de la FPPE.-CSQ.

Un grand flou

En effet, les règles budgétaires 2018-2019 ne prévoient actuellement aucune somme supplémentaire pour ajouter du personnel conseil ou technique afin de soutenir l’arrivée massive de nouvelles technologies dans les écoles.

De plus, les CP RÉCIT ont été coupés de 25 % dans la foulée des mesures d’austérité libérales et ne suffisent déjà pas à la tâche pour former le personnel avec les équipements technologiques actuels, comme le révèle l’Enquête sur le numérique dévoilée par la CSQ en mai dernier.

« Des sommes sont actuellement sur la table pour l’acquisition de matériel, mais en ce moment il n’y a rien pour l’ajout de personnel ou pour prévoir des formations, alors que c’est indispensable. On nous dit que des détails viendront avec la Stratégie numérique, qui est pratiquement devenue une légende à force de se faire attendre », poursuit Johanne Pomerleau.

Un flou inquiétant

Aussi, plusieurs questions subsistent quant au financement et au matériel sélectionné.

Pourquoi une allocation unique pour chaque école, qu’elle scolarise 200 ou 3 000 élèves?

Et surtout pourquoi presser à ce point les écoles de choisir du matériel rapidement, sans disposer de toute l’information nécessaire ou sans même savoir s’il sera compatible avec la flotte d’appareils actuellement en place?

« À la FPPE-CSQ, c’est sûr qu’on flaire les élections… Mais ce qui nous inquiète surtout, c’est que toute cette précipitation réunit tous les ingrédients pour mettre la table à un nouveau cafouillage informatique à la sauce “tableaux blancs” », craint Johanne Pomerleau.

Profil de la FPPE-CSQ

La Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ) représente 19 syndicats regroupant 7 300 membres répartis dans la quasi-totalité des commissions scolaires du Québec, francophones, anglophones, Crie et Kativik. Elle compte parmi ses membres différentes catégories de personnel dans les secteurs administratif, pédagogique et dans les services directs aux élèves (entre autres, psychologues, psychoéducatrices et psychoéducateurs, orthophonistes, conseillères et conseillers d’orientation, orthopédagogues, etc.).

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Renseignements :

Karine Lapierre
Conseillère en communication, FPPE-CSQ
Téléphone : 514 213-4412
Courriel : fppe.lapierre.karine@lacsq.org