Les dépôts patronaux aux tables francophone (P1), anglophone (P2), Crie (P3) et Kativik (P4) ont tous eu lieu quelques jours avant la pause du temps des fêtes. Ils ont certainement fait l’objet d’une grande coordination, puisque malgré certaines rares particularités, force est d’admettre que les contenus se ressemblent, quand ils ne sont pas tout simplement les mêmes.

En préambule, chaque dépôt mentionne les 3 grands objectifs suivants :

  • faire face à la rareté de la main-d’œuvre ;
  • prévoir une organisation du travail souple et adaptée aux besoins du milieu afin de favoriser la réussite éducative de tous les élèves ;
  • adapter l’Entente aux nouvelles réalités du travail.

Tout en revenant sur des éléments des présentations aux quatre tables de négociations, nous profiterons de ces lignes pour revenir sur certains aspects de nos propres revendications. Comme quoi, pour réaliser l’atteinte des objectifs qui peuvent parfois nous sembler communs, nous n’envisageons pas du tout les mêmes moyens.

Prenons l’exemple où chaque équipe patronale affirme vouloir « obtenir une reconnaissance par les parties nationales de la nécessité de promouvoir une image positive du réseau scolaire et de valoriser les emplois du personnel professionnel en éducation ». Cela s’inscrit complètement à l’opposé de notre demande en Front commun d’inscrire, à nos conventions collectives, des dispositions pour protéger les lanceurs d’alerte.

Les différents textes patronaux ont été rédigés de façon très large, sans cibler de clauses précises. Cette approche permettrait éventuellement d’introduire certaines dispositions que nous ne voudrions pas voir dans nos conventions, en plus de constituer une stratégie favorisant la modulation des demandes en cours de négociation. En ce sens, notre motivation à demeurer vigilants ne s’en trouve que redoublée.

Cela n’empêche pas, au passage, de voir des demandes plus clairement énoncées, comme une « mise à jour des dispositions traitant des motifs d’absence du travail afin de convenir de solutions innovantes en adéquation avec les besoins des milieux ».  Nous constatons une volonté importante de récupération sur les motifs d’absence et sur l’invalidité. En effet, il y aurait trop d’absences dans le réseau et l’employeur aimerait intervenir sur cet aspect. Cette volonté nous inquiète énormément, d’autant plus que parmi nos propres demandes, on retrouve un accès plus rapide à la cinquième semaine de vacances, voire à une sixième,sans compter notre volonté d’obtenir une plus grande flexibilité dans l’horaire de travail.

L’employeur souhaite aussi « revoir les dispositions de l’Entente qui ne sont plus d’actualité ou qui entrainent des iniquités ». Tiens donc, nos conventions collectives causeraient des iniquités, et l’employeur, en bon justicier, voudrait y mettre un terme? Tant de magnanimité a de quoi vous sidérer la partie syndicale!

Lorsqu’il est question de « revoir l’organisation du travail pour favoriser la réussite éducative de tous les élèves », c’est un peu comme si on nous disait que notre convention collective était un obstacle à ladite réussite. Si c’est bien l’idée véhiculée par la partie patronale, soyez assurés que nous lui demanderons de nous en faire la démonstration.

Lorsque l’employeur mentionne qu’il veut adapter l’Entente aux nouvelles réalités du travail, soutenant par le fait même que nos conventions collectives témoignent d’un passé syndical et qu’il faudrait les remettre au goût du jour, cela n’est guère rassurant. On nous parle de simplifier certains processus, notamment celui de la planification des effectifs et de l’embauche. C’est à se demander, d’une part, quel article de nos conventions collectives on pourrait bien laisser tomber et, d’autre part, de quelle façon cela pourrait bien améliorer la réussite des élèves.

Pour ce qui est des particularités mentionnées en début de texte, nommons qu’à la table anglophone, il a été question de la décroissance de l’effectif scolaire et des particularités des anglophones en lien avec les ordres professionnels comme éléments de contexte. Aux tables Crie et Kativik, la partie patronale semble s’être contentée d’ajouter les mots « autochtone » et « nordique » aux demandes déposées aux tables P1 et P2.   Les dépôts P3 et P4 reconnaissent que ces commissions scolaires ont des spécificités, mais sans pour autant les nommer. La seule piste de solution identifiée passe par une volonté « d’élargissement du bassin de recrutement de la main-d’œuvre qualifiée », dans un but d’augmentation de l’attraction et de la rétention du personnel professionnel.

En fait, les textes déposés aux tables respectives se ressemblent tellement qu’ils donnent l’impression d’avoir été rédigés dans une logique de « top-down », une commande venant du gouvernement, répétée à chaque table, sans pour autant tenir compte des caractéristiques propres à chacune. Avec ses demandes, qui seraient destinées à «faire face à la rareté de la main-d’œuvre», l’employeur n’a de cesse de nous étonner par sa créativité à recomposer les mêmes chansons. Nous avons proposé plus d’une quarantaine de solutions afin d’attirer et de retenir les professionnel·le·s dans les milieux, et la partie patronale n’en retient aucune dans son dépôt. Pour la partie patronale, la rétention se traduit plutôt par la contention au travail, en interdisant les absences.  Nous ne pouvons nous empêcher de constater que nous sommes davantage dans un contexte de «répulsion-contention» que d’attraction-rétention.

Ces dépôts ont beau résonner le même vieil air, ils n’en sonnent pas moins le début de la joute de la négociation. Dans les semaines qui suivront, aux quatre tables de négociation, nous aurons l’occasion d’expliciter nos demandes et d’entendre les parties patronales étayer les leurs. Restez connectés : nous vous reviendrons assurément sur le sujet.

Maude Lyonnais-Bourque, porte-parole P1-P2
Michel Mayrand, négociateur P1-P2
Dominic Di Stefano, négociateur P1-P2
Josianne Lavoie, porte-parole P3-P4
Annie Chartier, négociatrice P3
André Martineau, négociateur P4

Pour consulter l’analyse du dépôt des demandes patronales intersectorielles, telles que déposées aux représentants du Front commun le 15 décembre 2022, cliquez ici :
https://www.frontcommun.org/info-nego-reaction-aux-offres

Different Words, Same Tune

The patronal deposits at the Francophone, Anglophone, Cree and Kativik tables all took place a few days before the holiday break. They were certainly subject to a great deal of coordination, since, despite certain rare particularities, we must admit that the contents are similar when they are not simply the same.

    1. In the preamble, each repository mentions the following 3 main objectives:
    • to deal with the scarcity of labour;
    • to provide for a flexible organization of work adapted to the needs of the community to promote the educational success of all students;
    • to adapt the Agreement to the new work realities.

While returning to the elements of the presentations at the four negotiating tables, we will take advantage of these lines to return to certain aspects of our own demands. As you can see, we do not use the same means to achieve objectives that may sometimes seem common to us.

Let’s take the example where each management team claims to want “to obtain recognition by the national parties of the need to promote a positive image of the school network and to value the jobs of professional staff in education”. This is the complete opposite of our Common Front’s demand for whistleblower protection in our collective agreements.

The various employer texts have been drafted in a very broad manner, without targeting specific clauses. This approach would eventually allow for the introduction of certain provisions that we would not want to see in our agreements, in addition to being a strategy for modulating demands during negotiations. In this sense, our motivation to remain vigilant is only heightened.

This does not prevent us from seeing more clearly stated demands, such as an “update of the provisions dealing with the reasons for work absences in order to agree on innovative solutions in line with the needs of the workplace”. We note a significant desire for recovery on the reasons for absence and on disability. Indeed, there are too many absences in the network and the employer would like to intervene on this aspect. This desire worries us enormously,

especially since our own demands include faster access to a fifth week of vacation, and even a sixth. Not to mention our desire to obtain greater flexibility in our work schedule.

The employer also wishes to “review the provisions of the Agreement that are no longer current or that lead to inequities”. Our collective agreements are causing inequities and the employer, as a good vigilante, wants to put an end to them. This kind of magnanimity is enough to make the union side stunned!

When the employer says that they want to adapt the Agreement to the new realities of the workplace, arguing that our collective agreements are a product of the union’s past and should be updated, it is not reassuring. We hear about streamlining processes, such as workforce planning and hiring. It makes you wonder which section of our collective agreements could be dropped and how this could improve student success.

As for the particularities mentioned at the beginning of the text, at the Anglophone table, the declining school population and the particularities of Anglophones in relation to the professional orders were discussed as contextual elements.

At the Cree and Kativik tables, the management party seems to have been content to add the words “Aboriginal” and “Northern” to the applications filed at the P1 and P2 tables. The P3 and P4 filings recognize that these school boards have specificities, but without naming them. The only solution identified is a desire to “broaden the recruitment pool of qualified workers” in order to increase the attraction and retention of professional staff.

In fact, the texts submitted to the respective tables are so similar that they give the impression of having been drafted in a “top-down” logic. An order from the government, repeated at each table, without taking into account the specific characteristics of each one. With their demands, which would be intended to “deal with the scarcity of labour”, the employer never ceases to amaze us by its creativity in recomposing the same songs. We have proposed more than forty solutions to attract and retain professionals in the workplace, and the management party has not included any of them in their submission. For management, retention means restraint at work, by prohibiting absences. We can’t help but notice that we are in a more “restraint-repulsion” context.

These filings may sound like the same old tune, but they are still the beginning of the bargaining game. In the weeks to come, at all four bargaining tables, we will have the opportunity to spell out our demands and hear the employer parties back up theirs. Stay tuned – we’ll be sure to get back to you on this.

Maude Lyonnais-Bourque, P1-P2 spokesperson
Michel Mayrand, P1-P2 negotiator
Dominic Di Stefano, P1-P2 negotiator
Josianne Lavoie, P3-P4 spokesperson
Annie Chartier, P3 negotiator
André Martineau, P4 negotiator

To consult the analysis of the tabling of the inter-sectoral employer demands, as tabled with the Common Front representatives on December 15, 2022, click here:
https://www.frontcommun.org/info-nego-reaction-aux-offres