Depuis plusieurs semaines, la négociation nationale prend beaucoup de place dans l’espace public. Plusieurs sorties médiatiques, tant du côté du Front commun syndical que du côté du gouvernement, font état de certaines discussions aux différentes tables de négociation. De plus, les trois journées de grève tenues la semaine dernière ont aussi été l’occasion d’entendre plusieurs informations sur l’état de négociations.

Nous souhaitons faire le point avec vous aujourd’hui sur la négociation sectorielle des conditions de travail du personnel professionnel. En effet, le Front commun syndical, composé de quatre organisations et représentant 420 000 employé·e·s de trois secteurs (santé et services sociaux, éducation et enseignement supérieur) négocie principalement le salaire et le régime de retraite. Vous connaissez bien les revendications sur ces enjeux et la différence colossale qui demeure entre parties. Sur le plan salarial, le Front commun demande pour l’ensemble des membres 21,3 % d’augmentation de salaire sur trois ans, alors que le gouvernement propose à tous 10,3 % d’augmentation sur cinq ans. C’est en raison de cet écart significatif que le mouvement syndical tente d’augmenter la pression pour arriver à une entente avant les fêtes, en faisant appel à un conciliateur et en annonçant une autre séquence de grève.

Or, en marge de cette négociation nationale, plusieurs autres tables négocient actuellement les conditions de travail des groupes spécifiques du secteur public. C’est le cas pour la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation (FPPE-CSQ) qui négocie actuellement toutes les conditions de travail propres aux professionnel·les. Nous travaillons à quatre tables de négociation, représentant quatre employeurs différents (les centres de services scolaires francophones, les commissions scolaires anglophones, la commission scolaire Crie et la commission scolaire Kativik).

Pour parvenir à une entente de principe, il faudra donc un accord sur les deux fronts. À la fois sur les demandes nationales du salaire, de la retraite, des droits parentaux et des disparités régionales négociées par le Front commun pour tous les employé.es et sur les demandes sectorielles qui touchent les conditions de travail. C’est l’ensemble de ces éléments qui constituent la convention collective que vous aurez à adopter, le cas échéant. Bien que les sujets de négociations touchant uniquement les professionnel·les prennent moins de place dans les médias, les discussions se poursuivent actuellement à un rythme soutenu, dans l’objectif de parvenir à une entente de principe rapidement. C’est d’ailleurs dans cet objectif que le Front commun a reporté son recours à la grève générale illimité en préférant une troisième séquence de sept jours et en maintenant la pression pour un règlement avant les fêtes.

Nous portons toujours une vingtaine de demandes visant à améliorer la reconnaissance du personnel professionnel, à favoriser la conciliation vie personnelle-travail, et à améliorer les conditions d’exercice dans le réseau scolaire. Parmi ces demandes, nous trouvons la bonification de la rémunération pour les diplômes de cycles supérieurs, le remboursement de la cotisation professionnelle, l’aménagement d’un horaire de travail flexible, l’accès plus rapide à la cinquième semaine de vacances, l’ajout de deux journées de congés pour affaires personnelles, la création d’un groupe de travail sur les seuils de services professionnels, etc.

Nous constatons certaines ouvertures de la partie patronale à nos demandes (accompagnement de stagiaires, mentorat), mais elles demeurent insuffisantes pour le moment. À titre d’exemple, la partie patronale refuse toutes les demandes qui concernent les congés ou les absences, sous prétexte qu’il manque de main-d’œuvre. Elle refuse également la demande de remboursement de la cotisation professionnelle en raison du coût élevé de cette demande. En plus de refuser des demandes importantes pour les membres, la partie patronale en porte toujours afin d’obtenir plus de flexibilité des professionnel·les dans l’organisation du travail. Concrètement, à nos tables sectorielles, l’employeur veut pouvoir embaucher plus facilement des surnuméraires à statut précaire et donner plus de pouvoir au médecin de l’employeur pour assigner des professionnel·les en invalidité à d’autres tâches.

Nous souhaitons une réelle prise de conscience de la part de la partie patronale de l’exode des professionnel·les et des solutions concrètes afin de les attirer et les retenir. Nous ne sentons pas cet empressement de reconnaître le personnel professionnel à sa juste valeur à l’heure actuelle, mais nous discutons toujours aux tables, à raison d’une à deux journées par semaine et nous faisons certaines avancées. Nous avons également manifesté notre entière disponibilité à la partie patronale afin d’accélérer les travaux et ce, sept jours sur sept. Lors de la séance du 22 novembre dernier, tenue en pleine grève, la partie patronale avait enfin de nouveaux mandats à nous présenter, ce que nous n’avions pas vu depuis juin dernier. C’est donc dire que la mobilisation exceptionnelle à laquelle vous participez porte ses fruits.

En tant qu’équipe de négociation, soyez assuré·es que nous portons avec rigueur et conviction vos demandes ainsi que les mandats que vous nous avez donnés. Nous sentons votre détermination afin d’améliorer, par le biais de cette négociation, à la fois vos conditions de travail mais aussi la qualité des services publics offerts dans les écoles et les centres. Nous connaissons votre réalité, nous entendons directement vos témoignages sur les lignes de piquetage (par courriel et par le biais de vos représentants locaux) et nous portons votre voix. Nous souhaitons sincèrement que cet appel des professionnel·les soit entendu par le gouvernement et nous mettons toutes nos énergies en ce sens. Nous avons besoin que vous mainteniez la pression lorsque nous faisons appel à vous, car l’effet de la mobilisation se fait sentir.

Solidairement,

Votre équipe de négociation

Update on Negotiations at the Professional Staff Sector Table

For several weeks now, national negotiations have been taking up a lot of public space. A number of media reports, both from the Union Common Front and from the government, refer to certain discussions at the various negotiating tables. In addition, the three days of strike held last week also provided an opportunity to hear numerous reports on the status of negotiations.

We would like to update you today on the sectoral negotiations on working conditions for professional personnel. In fact, the Union Common Front, made up of 4 organizations and representing 420,000 employees in 3 sectors (health and social services, education and higher education) mainly negotiates salary and pension plans. You are well aware of the demands made on these issues and the colossal difference that remains between the parties. In terms of salaries, the Common Front is asking for a 21.3% pay rise over 3 years for all members, while the government is proposing a 10.3% pay rise over 5 years. It is because of this significant gap that the union movement is attempting to increase the pressure to reach an agreement before the holidays, by calling in a conciliator and announcing another strike sequences.

n addition to these national negotiations, several other tables are currently negotiating working conditions for specific groups in the public sector. This is the case for the Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation (FPPE-CSQ), which is currently negotiating all working conditions specific to professionals. We work at four negotiating tables, representing four different employers (the French school service centres, the English school boards, the Cree school board and the Kativik school board).

Reaching an agreement in principle will therefore require agreement on both fronts. Both on national demands for salaries, pension plan, parental rights and regional disparities negotiated by the Common Front for all employees, and on sectoral demands affecting working conditions. Together, these elements make up the collective agreement you may have to adopt. Although negotiation issues affecting professionals alone are receiving less media coverage, discussions are continuing apace, with the aim of reaching an agreement in principle as soon as possible. With this in mind, the Common Front has postponed its call for an unlimited general strike, opting instead for a 3rd 7-day period and keeping up the pressure for a settlement before the holidays.

We are still pursuing some twenty demands aimed at improving recognition for professional personnel, promoting work-life balance, and improving working conditions in the school network. These demands include higher pay for holders of advanced degrees, reimbursement of professional dues, flexible working hours, faster access to the 5th week of vacation, the addition of two days of personal leave, the creation of a working group on professional service thresholds, and more.

We have noted some openness on the part of the employer to our demands (support for trainees, mentoring), but these remain insufficient for the time being. For example, employers refuse all requests for leave or absences on the grounds that there is a labour shortage. They also refuse the request for reimbursement of the professional dues because of the high cost involved. In addition to refusing important demands for members, the employers are always making demands for greater flexibility in the organization of work for professionals. In concrete terms, at our sectoral tables, the employer wants to be able to more easily hire supernumeraries with precarious status and give the employer’s physician more power to assign disability professionals to other tasks.

We would like to see a real awareness on the part of employers of the exodus of professionals, and concrete solutions to attract and retain them. We don’t feel this eagerness to recognize professional personnel at their true current value, but we’re still discussing at the tables, one or two days a week, and we’re making some headway. We have also made ourselves fully available to the employer side to speed up the work, seven days a week. At the November 22nd meeting, held in the midst of a strike, the employer side finally presented us with new mandates, something we hadn’t seen since last June. In other words, the exceptional mobilization in which you are taking part is coming to fruition.

As your negotiating team, rest assured that we will rigorously and convincingly support your demands and the mandates you have given us. We sense your determination, through these negotiations, to improve both your working conditions and the quality of public services offered in schools and centres. We know your reality, we hear directly from you on the picket lines, by e-mail, and through your local representatives, and we carry your voice. We sincerely hope that this call from professionals will be heard by the government, and we’re putting all our energies into it. We need you to keep up the pressure when we call on you, because the effect of mobilization is being felt.

In solidarity,

Your Negotiating Team