Marie-Eve Quirion, conseillère à l’Action professionnelle, FPPE(CSQ)

La FPPE(CSQ) publie cette semaine une note de recherche intitulée Le recours aux services professionnels privés : quels coûts pour les élèves et les organismes scolaires? portant sur le recours aux services professionnels privés dans le réseau scolaire public. Selon les résultats préliminaires, au moins 65 % des organismes scolaires ont recours à cette pratique pour offrir des services éducatifs complémentaires. 

Si certains organismes scolaires utilisent des services privés uniquement pour des cas exceptionnels, d’autres ont déboursé plus de 400 000 $ en services de psychologie, d’orthophonie et d’ergothérapie en une seule année.

En plus de l’ampleur des coûts, il est inquiétant de constater que cette pratique est très peu encadrée. Bien des organismes scolaires semblent avoir perdu le contrôle des sommes engagées.

COMMENT EXPLIQUER L’AUGMENTATION DU RECOURS AU PRIVÉ ?

Le marché des services professionnels privés est en pleine expansion. Des agences de placement recrutent sans cesse du nouveau personnel et offrent des services « clés en main » aux directions d’école.

Considérant l’augmentation des besoins des élèves, la décentralisation des budgets, la difficulté de rétention et d’attraction du personnel professionnel ainsi que la « course aux diagnostics » pour financer des services aux élèves handicapés ou en difficulté d’apprentissage ou d’adaptation (HDAA), le recours au privé devient, comme l’affirme le Protecteur du citoyen, une « fausse solution à un vrai problème ».

PROPOSER DES SOLUTIONS

Le recours au privé accentue la médicalisation des difficultés scolaires et la « clinicisation » des services éducatifs. Avec cette pratique, les organismes scolaires peuvent perdre de vue l’importance des services préventifs et universels offerts dans l’école et le milieu de vie des élèves.

En d’autres mots, ils ne remplissent plus la triple mission de l’école : instruire, socialiser et qualifier.

En contexte de surcharge et de manque chronique de ressources professionnelles, il peut sembler irréaliste de cesser tout recours au privé du jour au lendemain. En revanche, considérant les valeurs d’équité et d’inclusion qui animent la société québécoise, les acteur.trices du milieu scolaire doivent proposer des solutions pour non seulement mettre fin à l’école à trois vitesses, mais aussi pour résoudre les problèmes liés au mode de financement et d’organisation des services éducatifs complémentaires.

Dans cet esprit, la FPPE(CSQ) émet les recommandations suivantes :

  1. Réglementer les services professionnels privés et en limiter le recours;
  2. Reconnaître la valeur ajoutée des services professionnels offerts dans le milieu de vie de l’élève;
  3. Revoir l’organisation des services professionnels en effectuant un virage prévention-intervention et en favorisant la mise en place d’équipes multidisciplinaires;
  4. Mettre en place des seuils de services minimaux afin d’offrir des services professionnels en fonction des besoins réels des élèves.

Cliquez ici pour lire la note de recherche

Qu’il s’agisse de services matériels, de services pédagogiques ou de services à l’élève, qu’il soit question d’agences de placement, de firmes privées ou d’organismes communautaires, l’enjeu du recours à l’externe concerne l’ensemble des membres de la FPPE(CSQ).

L’expertise spécifique du personnel professionnel en éducation doit être davantage connue et valorisée auprès des acteur·trices du réseau scolaire. La FPPE(CSQ) prône la collaboration avec les différents partenaires mais dans le respect des rôles de chacun et en protégeant les services publics.

The Costs of Using Private Professional Services

Marie-Eve Quirion, Action professionnelle Consultant FPPE(CSQ)

This week, the FPPE (CSQ) published a research note entitled Le recours aux services professionnels privés : quels coûts pour les élèves et les organismes scolaires? on the use of private professional services in the public school system. Preliminary results indicate that at least 65% of school organizations employ this practice to provide complementary educational services.

While some school organizations use private services only for exceptional cases, others have spent over $400,000 on psychology, speech therapy and occupational therapy services in a single year.

In addition to the magnitude of the costs, it is disconcerting to note that this practice is very poorly supervised. Many school organizations seem to have lost control of the money they spend on these services.

HOW CAN WE EXPLAIN THE INCREASE IN THE USE OF THE PRIVATE SECTOR?
The market for private professional services is growing rapidly. Placement agencies are constantly recruiting new staff and offering “turnkey” services to school administrators.

Given the increasing needs of students, the decentralization of budgets, the difficulty of retaining and attracting professional staff, and the “race to diagnose” in order to fund services for students with adjustment difficulties or a learning difficulty or disability (LDD), use of private sector services is becoming a “false solution to a real problem,” as declared by the Quebec Ombudsman.

POSSIBLE SOLUTIONS
The use of private services accentuates the medicalization of school difficulties and the “clinicalization” of educational services. With this practice, school organizations can lose sight of the importance of preventive and universal services offered in schools, the students’ living environment. In other words, they no longer fulfill the triple mission of schools: to educate, socialize and qualify.

In a context of chronic overload and lack of professional resources, it may seem unrealistic to stop using private sector services overnight. On the other hand, considering the values of equity and inclusion that characterize Quebec society, school community stakeholders must propose solutions to put an end to the three-tier school system and seek to resolve problems related to the financing and organization of complementary educational services.

With this in mind, the FPPE makes the following recommendations:

  1. Regulate and limit the use of private professional services
  2. the added value of professional services offered in the students’ living
  3. the organization of professional services by making a prevention-intervention shift and by promoting the establishment of multidisciplinary teams
  4. minimum service thresholds to provide professional services based on students’ real needs

 
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Whether it involves material services, educational services or student services or placement agencies, private firms or community organizations, the issue of outsourcing concerns all members of the FPPE(CSQ).

The specific expertise of education professionals must be better recognized and valued among school network stakeholders. The FPPE (CSQ) advocates for collaboration with various partners, but in a way that respects each person’s role and protects public services.